La sollicitation illégale continue toujours en 2021 malgré l’interdiction de l'AMF émise en 2014.

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Karine Lamarre et Mark-Érik For­tin au palais de jus­tice de Mont­réal en décembre 2019. – PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

La sol­li­ci­ta­tion illé­gale conti­nue tou­jours en 2021 mal­gré l’interdiction de l'AMF émise en 2014.

Même s’ils ont reconnu leur culpa­bi­lité à des accu­sa­tions por­tées par l’Autorité des mar­chés finan­ciers (AMF), il y a près de trois ans, les lea­ders du pro­jet Lova­ganza conti­nuent de sol­li­ci­ter illé­ga­le­ment des fonds pour leur pro­jet de films à grand déploiement.

Publié le 10 février 2021
ISABELLE DUCAS
LA PRESSE

 

Cette tri­lo­gie ciné­ma­to­gra­phique devait sor­tir sur grand écran en 2015, accom­pa­gnée d’une chaîne humaine qui devait faire le tour de la pla­nète. Mais six ans plus tard, aucun film n’a encore été lancé, mal­gré les mil­lions recueillis auprès de petits inves­tis­seurs, avec pro­messes de juteux rendements.

Lundi, l’AMF a émis une mise en garde aux consom­ma­teurs à l’encontre des « sol­li­ci­ta­tions en cours » effec­tuées par Karine Lamarre, Mark-Érik For­tin, Jean-Fran­çois Gagnon et Gene­viève Clou­tier, ins­ti­ga­teurs de Lovaganza.

Plu­sieurs témoins ont confirmé à La Presse que Karine Lamarre et Mark-Érik For­tin les avaient sol­li­ci­tés au cours des der­niers mois ou que des per­sonnes de leur entou­rage avaient investi des fonds dans l’aventure.

« L’automne der­nier, ils ont demandé à mon père de com­man­der autant de cartes de cré­dit qu’il le pou­vait, pour pou­voir s’en ser­vir pour faire des paie­ments pour eux. Aux der­nières nou­velles, mon père devait au moins 50 000 $ sur ces cartes de cré­dit », raconte Méla­nie*, qui s’inquiète pour la situa­tion finan­cière de son père.

« C’est une per­sonne retrai­tée, vul­né­rable, sou­ligne-t-elle. Il n’a pas un revenu illi­mité. Com­ment pourra-t-il faire les paie­ments mini­mums ? J’ai peur qu’il soit obligé de faire faillite.

Charles*, un entre­pre­neur, a été sol­li­cité l’été der­nier par Mme Lamarre et M. For­tin, lors d’une visio­con­fé­rence à laquelle il avait été convié par un ami. « Ils me deman­daient 50 000 $, en me disant que j’aurais un retour sur mon inves­tis­se­ment de 20 à 25 % et que je pour­rais aller voir un tour­nage en Ita­lie, se rap­pelle-t-il. Ils disaient avoir déjà amassé 30 millions. »

Pour ten­ter de mon­trer le sérieux de leurs démarches, Mme Lamarre et M. For­tin ont envoyé à Charles des extraits de chan­sons enre­gis­trées par Jean-Fran­çois Gagnon et Gene­viève Clou­tier, qui se pré­sentent comme pro­duc­teurs, réa­li­sa­teurs et scé­na­ristes, sous l’appellation de « JF & G ».

Jean-Fran­çois Gagnon et Gene­viève Clou­tier, qui se pré­sentent comme pro­duc­teurs, réa­li­sa­teurs et scé­na­ristes, sous l’appellation de « JF & G ».

Ils ont aussi évo­qué le sou­tien de Ste­ven Spiel­berg, dit Charles.

Pour­tant, en 2015, les avo­cats du célèbre réa­li­sa­teur avaient envoyé au couple une mise en demeure pour leur inter­dire d’utiliser son nom en lien avec leur projet.

« J’ai posé beau­coup de ques­tions parce que je trou­vais que c’était trop beau pour être vrai. Et j’ai décidé de ne pas inves­tir », indique Charles.

Des dizaines de chefs d’accusation
Alain*, de son côté, a vu sa mère inves­tir « plu­sieurs dizaines de mil­liers de dol­lars » dans l’aventure Lova­ganza, mal­gré les ques­tion­ne­ments de sa famille.

« J’ai demandé à par­ler à quelqu’un pour pou­voir poser des ques­tions, mais on me dit que ce n’est pas pos­sible, déplore-t-il. Et on ne peut rien faire pour convaincre ma mère d’arrêter de mettre de l’argent. C’est comme si elle était dans une secte et qu’elle avait eu un lavage de cerveau. »

Dans sa mise en garde, l’AMF rap­pelle que Karine Lamarre et Mark-Érik For­tin « ont plaidé cou­pable à 92 des 93 chefs d’accusation por­tés contre eux, en avril 2018 ». Ils sont tou­jours en attente de leur peine depuis.

« De plus, dans le cadre d’une pour­suite pénale inten­tée par l’Autorité en octobre 2017, Jean-Fran­çois Gagnon et Gene­viève Clou­tier font face à des chefs d’accusation pour avoir effec­tué des pla­ce­ments sans pros­pec­tus entre le 1er jan­vier 2010 et le 27 mars 2015 en lien avec les acti­vi­tés de finan­ce­ment du pro­jet Lova­ganza. Les pro­cé­dures devant les tri­bu­naux à leur égard sont tou­jours en cours », indique l’AMF.

Le couple Gagnon-Clou­tier a dif­fusé plu­sieurs chan­sons, au cours des der­nières années, et des vidéos en lien avec Lova­ganza. Les plus récentes pho­tos publiées sur le compte Ins­ta­gram JF & G, en décembre 2020, ont été prises en Italie.

* Les per­sonnes qui ont témoi­gné pour ce repor­tage ont demandé de conser­ver l’anonymat, crai­gnant de se brouiller avec leur famille si leur iden­tité était dévoilée.

Source: Article ori­gi­nal de La Presse – Ver­sion pdf