29 août 2022

Fabrice-Benoit-Osler-C.-AMF-Lovanza-Scandal

L'ancien directeur des enquêtes de L'AMF défendait les accusés de Lovaganza ..contre l'AMF!

Le regrou­pe­ment des vic­times de l'affaire "Lova­ganza – JF&G – One-Land" trouve éton­nant de voir un tel scé­na­rio pos­sible, que le pour­chas­seur puisse deve­nir le faci­li­ta­teur, pen­dant les années d'opérations cri­mi­nelles des accu­sés de cette affaire.

Éga­le­ment, le fait que Mathieu Cari­gnan décla­rait en caméra cachée à J.E. que son oncle et huis­sier de jus­tice les aver­tis­sait à l'avance que leurs comptes ban­caires allaient être sai­sis et que ces comptes étaient pra­ti­que­ment à zéro lorsqu'il ont pro­cédé, il nous est permi concrè­te­ment de remettre en ques­tion cer­tains fac­teurs éthiques et opé­ra­tion­nels du sys­tème judi­ciaire que nous avons en place au qué­bec et au canada.

Karine Lamarre et son conjoint Mark-Érik For­tin ont engagé les ser­vices de Me Fabrice Benoît du cabi­net d'avocat Osler alors qu'il était aupa­ra­vant le Direc­teur des Enquête de l'AMF sor­tant jusqu'à la fin de 2011. Ce der­nier connais­sait de près les tech­ni­ca­li­tés juri­diques et d'enquêtes de l'AMF pour en avoir été le direc­teur et ainsi être en mesure de pro­té­ger les inti­més contre l'AMF. Il en connais­sait toutes les fai­blesses et secrets. Ce qui explique pro­ba­ble­ment en grande par­tie le nombre record de reports d'audiences qu'on pu béné­fi­cier les pro­ta­go­nistes de cette affaire pour réus­sir à ralen­tir au maxi­mum toutes pro­cé­dures judi­ciaires à leur encontre sur une dizaine d'années. L'arrogance des accu­sés en cour et leurs tran­quillité d'esprit face à d'aussi graves accu­sa­tions illus­trent bien à quel point ils se sen­taient invin­cibles et en sécu­rité mal­gré tout.

Il est éga­le­ment facile de com­prendre que le dos­sier Lova­ganza ait pu deve­nir très ren­table pour le cabi­net et son repré­sen­tant dans un pre­mier temps. Et autant dis­pen­dieux pour les contri­buables avec ce gas­pillage de fonds public pour payer les infra­struc­tures de la cour, des juges et des équipes d'enquêtes et avo­cats de l'AMF. Ça fait dépla­cer énor­mé­ment de "monde-à-messe" et tour­ner en rond de "dis­pen­dieux sala­riés de l'état" pour sim­ple­ment jouer à l'agenda musi­cal, de fois en fois et d'années en années.

UNE CHRONOLOGIE INCONFORTABLE:

2008 – 2011
Fabrice Benoît est cadre supé­rieur de l'AMF aux enquêtes.

2009
Début des opé­ra­tions et sol­li­ci­ta­tions finan­cières frau­du­leuses de Lova­ganza par le biais de One-Land Corporation.

2011
Me Benoît quitte l'AMF et fait le saut pour le cabi­net d'avocat privé Osler. 

2013
Il serait logique et facile de pen­ser que l'AMF était peut-être déjà au par­fum des sol­li­ci­ta­toins illé­gales de Lova­ganza, quelques mois avant d'avancer un pre­mier com­mu­ni­qué sur l'affaire au prin­temps 2014. Le temps de faire une enquête suf­fi­sam­ment concluante pour se per­mettre de l'annoncer officiellement.

2014
En Mai, pre­mier com­mu­ni­qué de l'AMF, pru­dence à l'égard des inves­tis­se­ments avec Lovaganza.

Il est rai­son­nable de trou­ver étrange qu'un avo­cat puisse repré­sen­ter des clients contre les­quels il aurait poten­tiel­le­ment pu enquê­ter aupa­ra­vant. Les sol­li­ci­ta­tions illé­gales étaient déjà actives lors de sa tran­si­tion de l'AMF vers la pra­tique pri­vée. C'est peut-être un hasard, peut-être légal, mais ça laisse tout de même un arrière goût dis­cu­table sur l'atteinte à la confiance citoyenne envers son minis­tère de la Jus­tice lorsque nous voyons ce genre de situa­tion se produire. 

Pour faire une image simple, c'est comme si du jour au len­de­main, le shé­rif annon­çait qu'il se lan­çait en conseils juri­diques pour faci­li­ter le tra­vail criminel.

N'y a‑t-il pas là un énorme malaise éthique ?

Le regrou­pe­ment serait bien curieux d'entendre M. Simon Jolin-Bar­rette, ministre de la Jus­tice ainsi que notre Pre­mier ministre Fran­çois Legault à savoir s'ils ont l'intention de faire la lumière sur les aspects éthiques et l'ensemble du pro­ces­sus judi­ciaire de cette affaire de Lova­ganza, pour qu'ils aient pu avoir le loi­sir d'opérer sur un aussi grand nombre d'années, au vu et au su de tous. Le sys­tème judi­ciaire est la colonne ver­té­brale et le contrat social indi­vi­duel de tout adhé­rents à une société. Lorsque son inté­grité est remis en doute, c'est beau­coup plus qu'un simple pro­cès qui s'écroule.

Iro­ni­que­ment, la brillance pas­sa­gère des sol­li­ci­teurs de Lova­ganza d'avoir retenu les ser­vices d'avocat de l'ancien direc­teur des enquêtes de l'AMF pour les défendre et les conseiller leur aura été un cou­teau à deux tran­chants. Les années de sol­li­ci­ta­tions frau­du­leuses sup­plé­men­taires qu'ils ont obtenu aura permi de gon­fler autant leurs frasques que leurs sen­tences de peine.

S'ils avaient perdu leur cause dès le départ, avec moins d'infractions, ils n'auraient eu qu'une mince amende et seraient déjà tirés d'affaire, à moindre mal.

Alors s'il y a bien une belle recon­nais­sance à avoir envers ce Me Fabrice Benoît dans les nom­breux efforts qu'il aura fourni pour les défendre et faire retar­der les pro­ces­sus judi­ciaires au maxi­mum, sur d'aussi longues années, c'est bien celui d'avoir invo­lon­tai­re­ment contri­bué à faire ampli­fier leurs sen­tences de peine tout en pro­lon­geant une fac­tu­ra­tion de fara­mi­neux hono­raires pro­fes­sion­nels au passage.

Avec un par­cours pro­fes­sion­nel (pdf) aussi spec­ta­cu­laire, remettre en cause l'intelligence qui assure l'arrière de ses com­pé­tences serait être de bien mau­vaise foi.